Spécialiste de la lutte contre le diabète, la PME Valbiotis continue son développement en bouclant une nouvelle augmentation de capital par placement privé de 15 millions d’euros. La société rochelaise, créée en 2014 et désormais valorisée en bourse à 79 millions d’euros, se donne les moyens d’accélérer la mise au point de sa molécule contre l’hypertension artérielle désormais annoncée pour 2023.
Quelques jours après le financement européen de six millions d’euros décroché par l’équipe bordelaise d’Aelis Farma, c’est au tour d’une autre PME innovante de la région d’annoncer un joli tour de table dans le domaine de la santé. Basée à La Rochelle, Valbiotis est spécialisée dans la mise au point de compléments alimentaires pour prévenir les maladies métaboliques chez les personnes à risques. Cotée à l’Euronext depuis 2017, elle a donc logiquement choisi le marché boursier pour procéder à une nouvelle augmentation de capital, après celle déjà réalisé en 2019 pour 7,2 millions d’euros.
Valorisée à 79 millions d’euros
Dans le détail, la société rochelaise a bouclé en l’espace de quelques heures une augmentation de capital avec suppression du droit préférentiel de souscription par placement privé auprès d’investisseurs qualifiés par construction accélérée d’un livre de comptes. Le montant brut de cette augmentation de capital est de 15 millions d’euros et correspond à un produit net de 14,2 millions d’euros pour l’entreprise.
« Nous visions environ 12 millions d’euros mais, compte tenu de la très forte demande émanant à la fois d’investisseurs français et internationaux, nous avons décidé d’aller jusqu’à 15 millions d’euros, parce que cela correspond précisément au montant nécessaire pour accélérer notre croissance et nous doter d’une belle visibilité », explique à La Tribune Sébastien Peltier, le président du directoire.
Avec cette opération, sa capitalisation boursière grimpe à 79 millions d’euros, contre 17 millions d’euros il y a encore 18 mois, après l’émission de 1,93 million d’actions nouvelles au prix unitaire de 7,80 €, soit une décote de 5,1 %. La part des actions de la société cotées en bourse passe de 86,8 % à 89,4 % tandis que les membres du directoire en détiennent 10,4 % dont 6,7 % pour Sébastien Peltier.
De la trésorerie jusqu’à 2024
La société, qui n’a encore à ce jour commercialisé aucun produit, est donc encore très dépendante de ce type d’opérations pour financer sa recherche et développement. Valbiotis affiche néanmoins 3,1 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, contre 91.000 euros en 2019, auxquels s’ajoutent 750.000 euros de subventions et 1,3 million d’euros de crédit impôt recherche (CIR). Mais ses coûts de fonctionnement, notamment la R&D et les études cliniques pour 5,4 millions d’euros en 2020, aboutissent à une perte nette de -3,8 millions d’euros l’an dernier, après déjà -5,5 millions d’euros en 2019.
Néanmoins, dans cette configuration pré-commerciale mécaniquement très consommatrice de fonds propres, Valbiotis a désormais de quoi voir venir puisqu’avant cette nouvelle augmentation de capital elle affichait déjà une trésorerie positive de 14,6 millions d’euros. De quoi tenir jusqu’au premier semestre 2022 et même désormais jusqu’à 2024.
« Avec cette visibilité, rare dans le secteur des biotechnologies, c’est l’histoire de Valbiotis qui commence vraiment », se félicite Sébastien Peltier qui met en avant « la meilleure solution possible pour la société avec un plan de développement clair et dense mais sans pression grâce à cette augmentation de capital. »
Déploiement d’un traitement préventif dès 2023
Cet argent frais ne va pas dormir sur les comptes de l’entreprise puisque cette opération est avant tout destinée à accélérer les essais cliniques de la molécule Totum 854 qui cible la prévention de l’hypertension artérielle. « Nous avons en ligne de mire une commercialisation à l’horizon 2023, soit jusqu’à trois ans d’avance par rapport à notre plan initial », précise le dirigeant de Valbiotis, qui s’apprête à engager simultanément et dès la fin 2021 trois études cliniques en France et à l’international dont une phase de II/III auprès 600 patients. Objectif : obtenir une allégation de santé puis engager la commercialisation de son complément alimentaire dans le courant de l’année 2023 « en partenariat avec un acteur majeur de la santé ».
Le lancement simultané de ces trois études doit permettre à Valbiotis de gagner trois ans dans le lancement de sa molécule. Pour y arriver, la société a présenté il y a quelques jours avec l’Université d’Avignon des résultats précliniques in vivo sur l’efficacité de Totum 854 en matière de réduction de la pression artérielle. De quoi l’inciter à accélérer son arrivée sur un marché estimé à 1,15 milliard d’euros aux Etats-Unis et dans les cinq plus grands pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni) avec 124 millions de personnes potentiellement concernées.
Accords de distribution
Mais l’augmentation de capital permettra aussi à Valbiotis non seulement de financer ses coûts de fonctionnement jusqu’à fin 2023 mais aussi ses autres travaux de recherche préclinique et de recruter une dizaine de personnes pour préparer la commercialisation du Totum 63 contre le prédiabète. Cet autre complément alimentaire vise à réduire significativement les risques de survenue d’un diabète de type-2 et a fait l’objet d’un partenariat stratégique entre Valbiotis et Nestlé Health Science scellé début 2020. Valbiotis a cédé les droits commerciaux exclusifs et mondiaux contre plusieurs millions d’euros de financements et autant en royalties potentiels une fois la molécule mise sur le marché.
Un modèle qui devrait être dupliqué pour la distribution du Totum 854 avec des acteurs de référence tels qu’Abot, Nestlé Health Science, Sanofi, Pfizer ou encore Bayer.
« Notre objectif est d’avancer avec un acteur crédible de la santé pour obtenir le meilleur positionnement pour notre produit dans les pharmacies, parapharmacies, sites e-commerce spécialisés et professionnels médicaux », éclaire Sébastien Peltier.
Avec le Totum 63 contre le diabète et le Totum 854 contre l’hypertension, Valbiotis devrait donc disposer de deux compléments alimentaires sur le marché à partir de 2023 et être alors en mesure d’envisager une hausse significative de son chiffre d’affaires.
En savoir plus… La Tribune