Installée près de Bordeaux, Toopi Organics vient de présenter sa première unité standardisée de traitement de l’urine pour la transformer en engrais naturel. En attente des autorisations en France, la biotech girondine va démarrer son activité à l’étranger, en particulier en Belgique où elle a décroché la précieuse autorisation de mise sur le marché.
Michael Roes, le dirigeant de la startup Toopi Organics, a inauguré début juin la première unité industrielle de transformation d’urine humaine en engrais agricole, située à Loupiac-de-La-Réole, dans le Sud Gironde, près de La Réole. Créée depuis trois ans, Toopi Organics collecte déjà ses urines dans de nombreux endroits, qu’il s’agisse du Futuroscope, près de Poitiers, des lycées de Nouvelle-Aquitaine, de certains stades et collèges ou encore d’écoles primaires. La biotech est aussi soutenue par l’Ademe et sélectionnée pour opérer un bâtiment zéro déchet du village olympique des Jeux olympiques de Paris 2024.
La startup a multiplié les tests en plein champ pour démontrer la supériorité de l’urine traitée par rapport aux engrais minéraux dans plusieurs cultures, comme la betterave, et ajuster au plus près sa méthode de purification. Une fois collectée, l’urine est désormais acheminée au siège de Toopi Organics où elle est schématiquement d’abord stabilisée, pour ne pas qu’elle se transforme en amoniac, puis purifiée à deux reprises afin de la débarrasser d’éventuelles molécules polluantes issues du corps humain, comme des résidus médicamenteux. L’élément le plus important à sauvegarder étant l’azote. Cette unité peut traiter 250.000 litres d’urine par an, sachant que le traitement ne fait perdre aucun volume de matière.
Soutenir un partage équitable de la valeur
« Nous avons besoin de vingt autres unités de transformation standardisée de ce type, que nous allons implanter à proximité de métropoles françaises, pour être à cheval sur la ville et la campagne…. Nous vivons à une époque de partage inéquitable de la valeur, tant à l’échelle internationale, ce que souligne avec brutalité la guerre en Ukraine, qu’entre la ville et la campagne », a observé en substance Michaels Roes.
Avant de préciser que les leviers pour arriver à une agriculture à la fois productive et durable sont connus, puisqu’il s’agit de manger moins de viande, de diversifier les cultures en augmentant la quantité de légumineuses, et de recycler les excréments, dont l’urine, dans l’agriculture. Dans un circuit aussi logique qu’implacable puisque les plantes se nourrissent des engrais avant d’être mangées par les animaux et les hommes. C’est ainsi que 70 % des éléments qui se trouvent dans la terre des champs cultivés passe dans nos urines, a démontré Michael Roes.
Toopi Organics va démarrer son activité en Belgique
Pour vendre son urine traitée, Toopi Organics a besoin d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Un césame dont elle ne dispose pas en France mais que vient de lui accorder la Belgique. C’est donc à partir de la filiale que la startup a lancé outre-Quiévrain que les premières ventes vont démarrer cette année.
« Nous devrions disposer de l’AMM en France en 2023. Nous sommes présents en Belgique depuis un an. Tout le travail de communication a été fait et les points de collecte. Nous ne pouvons pas exporter, il faut produire sur place. Notre objectif à cinq ans, en 2027, est de réaliser 80 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé », annonce Michael Roes, qui devrait réaliser ses premières recettes à partir de cette année.
Le fait de choisir de s’installer dans une zone d’activité rurale, où l’entreprise a déjà créé 22 emplois, a été salué avec chaleur par le maire de La Réole, Bruno Marty, qui s’est félicité que l’enfant du pays ait décidé de revenir pour investir sur place. Le maire de Loupiac-de-la-Réole (500 habitants), Emmanuel Gil, n’a pas été en reste et a salué l’idée novatrice de Michael Roes.
Dix mètres cubes d’eau économisés par mètre cube d’urine traité
« La transformation de l’urine n’est que le début du changement, les excréments devront suivre aussi. Un mètre cube d’urine transformée c’est dix mètres cubes d’eau économisées et 950 litres de bio-solution agricole », s’est réjoui en substance le maire de Loupiac de la Réole.
Puissante cheville ouvrière du financement de l’innovation Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, a salué en Michael Roes le succès d’un créateur d’entreprise innovant incubé par Unitec, la pépinière de Pessac (Bordeaux Métropole) dont il a rappelé qu’il avait été le créateur lorsqu’il était maire de cette ville. Et il a une fois de plus stigmatisé la grande lenteur d’examen par l’Anses des dossiers innovants relevant de domaines biotechnologiques.
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