La semaine dernière, le groupe pharmaceutique français faisait une autre acquisition, celle de l’américain Bioverativ, spécialisé dans l’hémophilie.
Sanofi continue sa progression. Le géant pharmaceutique français continue de se renforcer dans les maladies rares avec le rachat annoncé lundi 29 janvier de la biotech belge Ablynx pour 3,9 milliards d’euros. La semaine dernière, le groupe faisait l’acquisition XXL de l’américain Bioverativ, spécialisé dans l’hémophilie. En vertu d’un « accord définitif » conclu entre les deux sociétés, Sanofi va offrir 45 euros en numéraire par action Ablynx et lancera des offres publiques d’achat au début du deuxième trimestre 2018, selon un communiqué.
L’opération, conditionnée à l’obtention d’au moins 75 % des actions en circulation d’Ablynx à l’issue de la période initiale de l’offre publique, a été approuvée « à l’unanimité » par les conseils d’administration des deux sociétés, est-il précisé. Ablynx avait aussi été approché par le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk, qui avait proposé 2,6 milliards d’euros pour racheter la société. Mais la biotech de Gand (Belgique) avait décliné cette offre début janvier, estimant qu’elle ne reflétait pas suffisamment sa valeur.
Créer de la valeur sur le long terme
Novo Nordisk, dont l’offre valorisait Ablynx de 30,50 euros par action, a précisé lundi dans un bref communiqué qu’il n’allait pas surenchérir face à l’offre de Sanofi. Le cours proposé par le groupe français représente une prime de 21,2 % par rapport au cours de clôture d’Ablynx vendredi soir. À la Bourse de Paris, le titre Sanofi était en repli lundi à 11 h 18 (- 0,54 % à 73,08 euros), tandis que le CAC 40 était proche de l’équilibre (- 0,05 %). « Le titre baisse de manière mécanique, car, les deux-trois prochaines années, Ablynx va continuer à faire des pertes », selon Sébastien Malafosse, analyste chez Oddo Securities, interrogé par l’AFP. En revanche, l’action Ablynx bondissait pour sa part de près de 20 % à 44,42 euros à la Bourse de Bruxelles, se hissant ainsi au niveau de l’offre de Sanofi.
Après la prise en compte des dépenses de recherche-développement, l’opération devrait être neutre sur le bénéfice net par action (BNPA) des activités de Sanofi en 2018 et 2019, mais devrait être « fortement créatrice de valeur sur le long terme », a estimé le groupe français dans son communiqué.Car le portefeuille de recherche-développement d’Ablynx compte plus de 45 candidats-médicaments, en propre et au travers de collaborations, dans de nombreux domaines thérapeutiques, notamment l’hématologie, l’inflammation, l’immuno-oncologie ou encore les maladies respiratoires.
Une technologie innovante
Sa technologie innovante repose sur les nanocorps, des protéines thérapeutiques dérivées de fragments d’anticorps. Sanofi et Ablynx avaient notamment conclu un partenariat stratégique en juillet dernier sur cette technologie dans le domaine des traitements contre des maladies inflammatoires liées à des troubles immunitaires. Genzyme, division de Sanofi dans les maladies génétiques rares, avait aussi signé une collaboration de recherche avec Ablynx dans la sclérose en plaques en 2015.
Le produit en développement le plus avancé d’Ablynx, caplacizumab, vise à traiter une maladie très rare du sang pouvant être mortelle, le purpura thrombotique thrombocytopénique acquis (PTT acquis). Une demande d’autorisation de mise sur le marché a déjà été déposée dans l’Union européenne pour le caplacizumab, et une autre doit être soumise à l’agence américaine du médicament (FDA) au cours de ce premier semestre 2018. Avec Ablynx, « on crée maintenant une franchise dans les maladies rares sanguines, qui sont très nombreuses », s’est félicité lundi le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, dans un entretien à l’AFP.
Traitement contre l’hémophilie
Dernièrement, Sanofi a acquis les droits mondiaux du fitusiran, un traitement novateur contre l’hémophilie, auprès de son partenaire Alnylam, puis a annoncé lundi dernier l’acquisition prochaine de la biotech américaine Bioverativ pour 11,6 milliards de dollars (plus de 9,3 milliards d’euros), disposant déjà de deux traitements commercialisés dans l’hémophilie. L’acquisition d’Ablynx est « tout à fait complémentaire » de Bioverativ dans les maladies hématologiques, et avec les nanocorps Sanofi met la main sur une plateforme technologique très intéressante », a salué Sébastien Malafosse. « Nous n’avons aucune intention de réduire les effectifs » d’Ablynx, qui comprend quelque 450 salariés, principalement des chercheurs sur son site de Gand, a assuré Olivier Brandicourt.
Les rachats coup sur coup de Bioverativ et d’Ablynx sont les plus importantes acquisitions de Sanofi depuis celle de Genzyme, en 2011, pour environ 20 milliards de dollars. Ces dernières années, Sanofi ne cachait pas son intention de se renforcer dans des domaines thérapeutiques à très forte valeur ajoutée, comme les maladies rares et l’immuno-oncologie. Mais plusieurs cibles de choix lui avaient échappé, comme la biotech californienne Medivation, rachetée par le géant américain Pfizer en 2016 pour près de 14 milliards de dollars, ainsi que la biotech suisse Actelion, raflée pour 30 milliards de dollars par Johnson and Johnson.
Source : Le Point