La Meurthe-et-Moselle, bientôt le nouveau vivier de la lutte contre le cancer ? C’est l’intention de trois spécialistes de médecine nucléaire lorrains. Ils ont eu l’idée de créer une usine pour répondre aux besoins de production des sociétés désireuses de créer des médicaments radiopharmaceutiques, principalement utilisés pour traiter les cancers.
Nancy, bientôt numéro un européen dans le marché du médicament contre le cancer ? C’est ce que souhaitent Gilles Karcher, professeur de médecine nucléaire au CHRU de Nancy et cofondateur de la société Nancyclotep, Richard Zimmermann, expert en médecine nucléaire et Jean-Bernard Deloye, radiopharmacien.
Du « all inclusive »
Les trois spécialistes lorrains en médecine nucléaire, ont eu l’idée de s’unir et de créer, dans le cadre du plan d’investissement France 2030, une usine de production de médicaments radiopharmaceutiques à Gondrevilles, à l’Ouest de Nancy (Meurthe-et-Moselle). « Dans le cadre des recherches académiques, cliniques et des collaborations faites avec Nancyclotep, un projet de recherche et de développement pour la médecine nucléaire, on a des relations avec les industriels de la médecine nucléaire qui développent des nouveaux médicaments et qui viennent à Nancy pour faire des essais cliniques au CHU. Ils nous ont demandés où est-ce qu’ils pourraient produire leurs médicaments, s’ils allaient sur le marché européen. Alors, avec mes deux associés, on a eu l’idée de proposer une solution qui consiste à créer une usine dans laquelle on mettrait plusieurs lignes de productions complètement indépendantes à disposition des sociétés », explique Gilles Karcher, entouré de ses deux acolytes.
Un « tout-en-un » dans une ville qui accueille l’un des plus grands centres de médecine nucléaire de France. « On essaie de faire du “all inclusive”. Les entreprises viennent déjà faire leurs essais cliniques précoces, donc sur une dizaine de patients chez nous, et quand ils passent en phase trois, avec essais sur une centaine de patients, cela signifie que les sociétés se posent déjà la question de savoir où et comment elles vont produire ces médicaments. Avec cette usine, elles n’auront plus besoin de faire le tour de l’Europe et pourront tout faire à Nancy », expliquent les trois spécialistes qui voient deux autres avantages au projet Prothérium, la souveraineté de la France dans le domaine du médicament et un accès au médicament plus rapide.
La France souveraine dans le domaine du médicament
« Il y a un aspect politique parce que cette usine pourrait être installée en Allemagne, aux Pays-Bas ou ailleurs mais nous, ça nous tient à cœur que ce soit installé en France car nous sommes dans l’optique qu’il y ait une souveraineté de la France dans le domaine du médicament », précisent-ils. Si cette usine pourrait permettre un réel confort pour les sociétés et pour le rayonnement territorial, elle favoriserait surtout le domaine médical.
Gilles Karcher, Richard Zimmermann et Jean-Bernard Deloye soulignent l’importance de ce projet dans l’efficacité des soins médicaux : « Nous sommes dans une discipline qui est extrêmement évolutive et sur laquelle nous avons des délais parfois très, voire trop importants entre la preuve de l’efficacité d’un médicament et sa mise à disposition à la population. Donc notre objectif, c’est d’accélérer ce processus en essayant de lever tous les obstacles techniques ou réglementaires qui permettent d’accéder à cette mise à disposition ».
Source : Franceinfo