Après avoir lancé en septembre 2021 le site Pharmazon.fr, le grossiste orléanais de produits parapharmaceutiques table sur un assouplissement de la loi française. Objectif, commercialiser également des médicaments sans prescription médicale. Pharmazon.fr rêve ainsi de devenir à terme la plateforme de référence de la pharmacie.
En se positionnantcomme un allié et non un concurrent des officines physiques, Pharmazon ambitionne de doubler ses recettes et d’atteindre un effectif de 50 salariés en 2025. (Crédits : Reuters)
2.000 pharmacies, soit 10% du réseau des officines français, se seraient inscrites sur Pharmazon.fr. En un an, la société de répartition Pharmazon, grossiste distributeur de médicaments, a fait une entrée remarquée dans le e-commerce de produits de parapharmacie. Elle a lancé en septembre 2021 cette plateforme digitale à destination du grand public en prolongement de son activité de grossiste-répartiteur, créée en 2015 à Orléans. Différence notable avec les autres sites Internet présents sur ce créneau, Pharmazon.fr s’appuie sur le stock des officines et ne vient pas en concurrence avec elles.
La plateforme propose aux clients de récupérer leur commande dans la pharmacie sous forme de Click and collect, dans un point relais où à domicile. « Nous avons constaté que les e-commerçants de parapharmacie étaient en général extérieurs à cette sphère d’activité, explique Audrey Lecoq, présidente de Pharmazon. Pour éviter que les pharmacies ne se fassent aussi déposséder de ce marché, comme ce fut le cas par le passé pour le matériel médical et plus récemment les tests de grossesses, le site Pharmazon.fr se positionne comme une alternative économique responsable au commerce traditionnel».
Dans un contexte de désertification médicale accélérée dans la plupart des régions de l’Hexagone, Pharmazon veut donc apparaître comme un allié et non un acteur de l’ubérisation des petites pharmacies. Cette posture, prise au début de la crise du Covid 19, semble prometteuse. La partie e-commerce a généré 1,5 million d’euros de recettes sur la période 2021-2022, soit 2% du chiffre d’affaires total de la société orléanaise qui s’est élevé à 30 millions d’euros. « L’objectif d’ici 2025 est d’embarquer 3.000 nouvelles officines, ce qui porterait l’offre pour les clients à 5.000 », assure Audrey Lecoq. « Parvenir à faire adhérer un quart du réseau français serait un premier pas pour devenir le site e-commerce de référence des pharmacies ».
Distorsion de concurrence
Si les projections de recettes de Pharmazon.fr prévoient de grimper à 10% du chiffre d’affaires prévisionnel de la société, un écueil de taille continue à brider la croissance de la plateforme. La législation française interdit en effet le e-commerce des médicaments, y compris ceux non soumis à prescription médicale, par des opérateurs hors de la sphère pharmaceutique. « Alors que l’Union européenne tolère au contraire leur vente sur Internet quand la législation de certains pays l’autorise, plusieurs pharmacies en ligne étrangères, comme le belge Newpharma, ont inondé en quelques années le marché français », déplore Audrey Lecoq. « Nous avons encore écrit en mai au président du Sénat Gérard Larcher pour le sensibiliser à cette distorsion concurrentielle. Elle pénalise clairement les pharmacies et les plateformes de e-santé hexagonales. Aucune réponse n’a été apportée à notre avocat à ce jour ».
L’objectif du législateur français, rappelé dans une loi datant de novembre 2016, était la lutte contre la contrefaçon de médicaments. L’absence de frontières d’Internet l’obligera probablement à assouplir à terme ses positions au regard d’un seul chiffre. Le marché des produits non remboursés représente environ 50% des recettes moyennes de chaque officine hexagonale.
Doctolib de la pharmacie
Malgré cet obstacle règlementaire, l’entrée en septembre 2019 de Cegedim au capital de Pharmazon à hauteur de 28% a permis de lancer la plateforme de e-commerce dans de bonne conditions. Ce groupe, côté sur Euronext à la Bourse de Paris, est spécialisé dans les services pour l’écosystème de la santé, notamment les logiciels à destination des professions médicales et les dispositifs promotionnels pour les laboratoires pharmaceutiques. Avec 5.600 collaborateurs au niveau international, l’ETI a réalisé 525 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Il s’agit donc d’un partenaire de poids dans la stratégie de développement digital de Pharmazon. A l’instar du site de gestion de rendez-vous médicaux Doctolib, qui a pris son envol depuis 2020 avec le Covid-19, la société ambitionne de proposer rapidement une batterie de services analogues vis-à-vis des pharmacies. « A moyen terme, les clients pourront prendre des rendez-vous avec leur pharmacien sur Pharmazon.fr », assure Audrey Lecoq. « La plateforme leur proposera aussi de scanner leur ordonnance, des chats sécurisés ou encore des données et des conseils sécurisés ».
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