Mardi, l’Institut Pasteur a dévoilé ses projets pour les 10 prochaines années sur les maladies de demain. La construction d’un bâtiment consacré aux maladies liées au réchauffement climatique est notamment au cœur du dispositif.
« Le voyant est vert : on peut ouvrir« . Nous entrons dans l’actuel insectarium, avec sa directrice, Anna-Bella Failloux, qui précise : « Dans chaque chambre, il y a une espèce de moustique« .
Ici on élève des moustiques pour les étudier et mieux comprendre les maladies qui menacent les Antilles, mais aussi désormais la métropole, tels que la dengue, chikungunya ou encore Zika.
Favorisée par le réchauffement climatique, la déforestation et une urbanisation débridée, la transmission des maladies infectieuses par les moustiques est de plus en plus scrutée par les chercheurs de l‘Institut Pasteur(Nouvelle fenêtre). L’établissement a annoncé mardi 21 janvier investir 90 millions d’euros pour construire un « centre de recherches sur les infections liées au climat et à l’environnement« , qui sortira de terre en 2028 au cœur de son site historique à Paris et abritera des recherches innovantes dans des laboratoires sécurisés.
« Les températures augmentent, les conditions de vie se dégradent : on est en train de créer des conditions de développement de moustiques adaptés à la vie avec l’homme« , souligne l’entomologiste qui dirige l’unité Arbovirus et insectes vecteurs à l’institut Pasteur. Quelques moustiques volent autour de nous.
Les travaux du nouveau bâtiment « beaucoup plus grand » ont déjà commencé. Il pourra permettre aux scientifiques d’effectuer des tests grandeur nature : « On peut essayer de faire varier, par exemple, la température. Ici, vous êtes à 28 degrés tout le temps. Or, dans l’environnement dans lequel les moustiques sont, la température peut varier. Elle peut être plus basse, plus haute… Et puis, il y a des fluctuations nuit et jour. Ce qu’on ne peut pas les reproduire là. Nous allons avoir les conditions qui nous permettent de mimer ce qui se passe dans la nature. C’est important.
« On est en train de voir une évolution très rapide d’émergence de pathogènes« , met en garde la directrice de l’Institut Pasteur Yasmine Belkaid, sur franceinfo. « Si on regarde l’évolution des virus et des pathogènes au travers des 10, 20 ou 30 dernières années, il y a une accélération« , explique-t-elle. Elle constate également une accélération des épidémies sur la même période.
Cette évolution est due au « chaos écologique« formé par le dérèglement climatique et la déforestation, assure-t-elle : « Les changements climatiques vont changer comment les insectes vecteurs qui transmettent ces pathogènes peuvent évoluer et changer d’environnement. Par exemple, les moustiques. Les tiques aussi sont en train de transmettre de façon accélérée des virus« , explique Yasmine Belkaid.
Quant à la déforestation, elle entraîne des déplacements des populations d’animaux potentiellement porteurs de maladies transmissibles à l’homme : « On est en train d’imposer des évolutions de pathogènes au niveau de leur localisation, mais aussi de leur pathogenèse. Cette année, il y a eu beaucoup plus de moustiques à Paris, on a eu des cas de dengue en France » métropolitaine, rappelle notamment la directrice de l’Institut Pasteur.
Source : Franceinfo