Le groupe de chimie végétale Berkem, côté sur Euronext Paris, accélère ses investissements sur sa filiale de lyophilisation en Eure-et-Loir. Objectif : répondre aux besoins croissants des entreprises de l’agroalimentaires et de la cosmétique, notamment.
Derrière chaque produits déshydratés, alimentaires, pharmaceutiques, cosmétiques… se trouve le processus la lyophilisation. Eurolyo, le spécialiste de ce procédé sur mesure va investir près d’1,5 million d’euros cette année pour muscler sensiblement son outil industriel basé dans l’agglomération de Chartres, au coeur de la Cosmetic Valley. La société fera ainsi l’acquisition au second semestre de trois à cinq nouvelles machines de lyophilisation.
Ces nouveaux matériels s’ajouteront au parc actuel composé d’une dizaine de lyophilisateurs. « Nous avons plus que triplé la surface du site actuel en perspective de ce renforcement, explique Olivier Fahy, président-fondateur et actionnaire majoritaire du groupe de chimie végétale Berkem, maison mère d’Eurolyo. « L’objectif est de doper notre capacité de production ». Eurolyo compte par ailleurs se doter d’un équipement de pointe permettant d’assurer le broyage sous forme de fines particules de produits très résistants. Un nouveau service que proposera en 2023 la société à ses clients, à côté de la lyophilisation classique.
L’introduction grandissante de composants naturels dans les produits agroalimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques et nutraceutiques (compléments alimentaires) constitue la principale source d’explication de la demande croissante de lyophilisation. Car ces organes vivants ont un inconvénient majeur, leur instabilité, ainsi que la déshydratation et le séchage à froid permet justement de pallier.
A l’image de Danone et de son yaourt Actimel, l’industrie agro-alimentaire, qui multiplie l’utilisation des micro-organismes pro-biotiques dans ses recettes, est friande du process de séchage d’Eurolyo. Sa situation géographique dans la Cosmetic Valley, premier cluster européen de la cosmétique, positionne également la filiale de Berkem comme l’un des fournisseurs majeurs des fabricants de crèmes anti-rides riches en polyphénol. Ces molécules présentes dans le règne végétal sont très sensibles à la chaleur, un défaut également gommé par la déshydratation. « L’extension des dates limites de consommation de leurs produits constitue un impératif économique de premier plan pour tous ces acteurs, se félicite Olivier Fahy. « Il constitue un tremplin pour Eurolyo ».
Nouvelle corde végétale à l’arc du groupe Berkem
Porté par le boom de la demande de produits déshydratés, la filiale de Berkem jouit d’un atout décisif. Elle est l’un des rares acteurs externes à proposer ses services sur ce créneau. Bon nombre d’industriels, comme les laboratoires pharmaceutiques, intègrent jusqu’à présent cette fonction. La donne est en train de changer. Eurolyo espère tripler ses recettes à l’horizon 2025 et atteindre cinq millions d’euros. La société accompagnera cette croissance annoncée par une dizaine de nouveaux recrutements d’ici trois ans, ce qui portera sa masse salariale à vingt salariés.
Le rachat d’Eurolyo en 2018 s’inscrit dans la diversification de l’offre globale de service de Berkem qui dispose de trois autres sites dans l’Hexagone. Fondé en 1993 sur le créneau à l’époque peu occupé de la chimie végétale, ce groupe familial opère tout d’abord sur le segment de l’extraction végétale à Blanquefort en Gironde. Le siège de Berkem intègre parallèlement son pôle de R&D. Sa filiale Adkalis, également basée à Blanquefort, est spécialisée dans les formulations de biocides à base végétale, destinés à la préservation des matériaux de construction, notamment en bois. Enfin, Lixol fabrique sur le site de La Teste de Buch, à proximité d’Arcachon des résines naturelles alternatives aux ingrédients à base de pétrole, pour les industries de la peinture et de l’encre d’imprimerie.
Berkem, qui a réalisé un chiffre d’affaires total de 41 millions d’euros en 2021 et emploie 165 salariés, vise des recettes de l’ordre de 65 millions d’euros d’ici 2025. Son entrée en bourse fin 2021 sur le marché Euronext Paris, qui lui a permis de faire entrer des investisseurs danois, suisse, anglais et allemands à hauteur de 30% dans son capital, pourrait être annonciatrice de nouvelles acquisitions.
« Nous restons attentifs sur le marché de la chimie végétale, déterminant pour la transition énergétique des entreprises et en forte croissance, reconnaît Olivier Fahy. Dans ce cadre Berkem n’exclut donc pas d’enrichir encore sa palette de services ». Guillaume Fischer, à Tours
Source : La tribune