Le chantier de la Healthtech Station va débuter à Tours dans quelques semaines. Samuel Dominique et Lionel Mary feront-ils du Centre-Val-de-Loire la Silicon Valley de la santé ?
Avec le projet Healthtech Station Samuel Dominique et ses associés jeter les bases d’une Silicon Valley de la santé et du médicament en France à Tours.
Le chantier de ce bâtiment de près de 10 000 m2, destiné à accueillir un écosystème d’incubation et d’accélération d’entreprises en biotechnologies et en technologies médicales innovantes, va débuter dans quelques semaines sur le site des anciennes casernes Beaumont-Chauveau.
Plusieurs centaines de chercheurs œuvrant au sein de startups triées sur le volet y travailleront dans des laboratoires spécialisés équipés de matériel de dernière génération.
Ils bénéficieront de l’aide d’experts du monde de l’entreprise : avocats, contrôleurs de gestion, communicants…
Pas assez de profils d’entrepreneurs
Ce projet privé est né d’un constat de Samuel Dominique qui s’appuie sur une expérience acquise en deeptech (innovation de rupture passant par le logiciel) dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense.
« En France, nous avons beaucoup de chercheurs brillants, notamment dans le domaine de la santé mais très peu avec des doubles cursus d’entrepreneurs. »
Des fleurons des biotechnologies
A Tours, sa ville d’origine, où il est revenu après avoir exercé à Londres, en Suisse et ailleurs dans le monde, « on trouve des fleurons de la santé et de biotechnologies mais rien pour les faire travailler ensemble. »
Ici, on a le Bio3 : l’usine-école de production de médicament, les laboratoires de l’INRAE, de l’Inserm, du CNRS, tous rattachés ou travaillant avec les universités locales, l’hôpital et ses laboratoires spécialisés, le Labex MabImprove Tours-Montpellier, l’un des deux labos français du biomédicament. Ils produisent des quantités massives de recherches mais des taux de transformation en entreprises assez négligeables.Samuel DominiquePrésident de Heathtech Network.
C’est là qu’il intervient avec une de ses sociétés, Brains Venture ainsi que d’autres investisseurs forts des compétences essentielles au projet, Mabdesign (l’association française du secteur industriel des biomédicaments), Hello Tomorrow (un think tank français travaillant sur la deeptech).
« Les collectivités territoriales cherchaient à créer un incubateur sans y parvenir depuis 2003. On est un peu trop près de Paris et il y avait un déficit de coordination. »
D’abord l’immobilier
La première étape passe pour lui par le bâtiment. « J’ai beaucoup travaillé avec les Américains. Ils se concentrent d’abord sur l’immobilier. »
Le terrain sur lequel se déploiera bientôt est idéalement situé. « Il se trouve à proximité du plateau technique du Bio3 Institute« , souligne Samuel Dominique.
Séduire les chercheurs entrepreneurs
L’objectif est de séduire de jeunes chercheurs trentenaires qui souhaitent s’installer dans une ville à taille humaine et dans un cadre de vie agréable.
Ensuite, vient le financement : « en France, quand vous gagnez un grand concours, vous touchez un million d’euros ou plus mais en face pour vous lancer, il vous faut autant de fonds propres. »
La solution pour lui est d’accélérer très fort en s’appuyant sur des modèles éprouvés : » on injecte de l’argent très tôt avec des experts de l’entreprenariat, du marketing, de la finance. »
Fort d’un projet et du concept, Samuel Dominique crée Healthtech Network puis cherche un spécialiste de l’immobilier.
Le chantier prêt à démarrer
Le groupe IDEC, un opérateur international né à Blois, se montre enthousiaste et s’associe en entrant au capital de l’entreprise via une autre filiale : IDEC Invest.
Cet acteur et son emblématique PDG, Patrice Lafargue, ne sont pas inconnus des amateurs de sport puisqu’une écurie automobile (WEC) présente aux 24 Heures du Mans porte le nom de l’entreprise mais aussi un maxi-trimaran et que le groupe est sponsor de différentes équipes (basket, football, rugby…).
Sur l’aspect immobilier, pour Lionel Mary, le directeur général d’IDEC Invest, tous les voyants sont au vert. « Le terrain a été acquis le 30 décembre. Le permis de construire est obtenu depuis l’été 2021 et il est aujourd’hui purgé de tous recours. »
Le groupe IDEC est en phase de consultation et de désignation des entreprises. « Notre objectif est de faire travailler au maximum les entreprises locales« , assure-t-il.
Livraison au premier semestre 2024
D’ailleurs, c’est un cabinet d’architectes de la ville voisine d’Angers qui a conçu les plans de bâtiment. « Les talents, on les trouve ici. Le cabinet Rolland et Associés a réalisé un projet immobilier d’un million de mètres carrés en Chine« , lance Samuel Dominique
Les locaux, qui se dresseront sur un terrain de 1169 m2, seront livrés au premier semestre 2024. L’immeuble comptera cinq étages plus un toit terrasse et deux niveaux de parkings souterrains.
30 millions d’euros pour les bâtiments
Coût estimé de l’opération : 30 millions d’euros. « Cela comprend l’immobilier et les équipements de base. Les 2/3 sont consacrés à la partie immobilière ainsi qu’aux laboratoires. Le 1/3 restant, c’est le second œuvre : les filtrations, les climatisations spécifiques… », détaille Lionel Mary.
Pour IDEC, les intérêts d’un telle aventure sont multiples. « D’abord, nous accompagnons un projet novateur à Tours. Nous sommes Blésois à l’origine, la région Centre ça nous parle. Ensuite, c’est un domaine dans lequel nous avons un savoir-faire. Avec IDEC Santé, nous produisons des établissement de soins de suite, des usines de production de médicaments, et des laboratoires », détaille le directeur général.
Un modèle qui pourrait essaimer
Le groupe va montrer ses compétences auprès des startups hébergés sur place. « On espère que derrière il y aura de belles entreprises qui fourniront des emplois et auront besoin de belles usines… »
Si le concept est validé, ils bâtiront d’autres incubateurs en France.
Maintenant que le projet est sur les rails, Samuel Dominique assure que les partenaires se bousculent. « De nombreux fabricants de matériel de laboratoire nous contactent. Ils nous proposent même les ingénieurs pour assurer la formation. »
Un supercalculateur signé Nvidia ?
D’autres géants de l’informatique ou de l’optique ont aussi approché le dirigeant : « Leica, Sony et Nvidia… Nous espérons que Nvidia sélectionnera notre bâtiment pour le supercalculateur.«
Selon Samuel Dominique, si ces mastodontes du secteur s’intéressent à son projet, c’est parce qu’il est privé « et que c’est le premier dans ce domaine en France« .
Les levées de fonds « ne seront pas un problème »
A cette aune il juge que les levées de fonds des futures startups intégrant Healthtech Station « ne seront pas un problème. »
Elles seront épaulées par une quarantaine de spécialistes de l’entreprenariat. « L’idée c’est de fournir des audits 360 aux startups. Pour ça les accompagnateurs (avocats, experts comptables…) qui seront présents sur le site paieront leur loyer et auront des droits et des devoirs« , indique le président de Healthtech Network.
Il mise beaucoup sur les rencontres humaines pour accoucher d’idées innovantes et inculquer aux fondateurs de ces startups la culture entrepreneuriale.
Près de 600 personnes devraient à terme fréquenter au quotidien la structure visant à faire naître les futures grandes entreprises du domaine de la santé.
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