Être petit ne signifie pas toujours être incapable de rivaliser avec les grands. L’unité chartraine du groupe international BizLink, spécialisée dans la robotique médicale, est dans ce cas précis. Elle est leader mondial dans son domaine.
« Le leader mondial du positionnement de patient en proton thérapie, qui concerne le traitement des cancers, est situé en Eure-et-Loir. Plus précisément à Chartres ! », écrit, mot pour mot, Claude Burlot, directeur général de BizLink Robotic Solutions France, pour attirer l’attention des acteurs du monde économique et politique local sur l’existence de cette pépite rare dans le monde impitoyable de la robotique médicale dominé par d’autres nations.
Aux côtés de son jeune directeur opérationnel, Benoît Bessirard, le patron chartrain rappelle, d’abord, la genèse de BizLink Robotic Solutions : « Jusqu’en janvier dernier, nous faisions partie du groupe allemand Leoni CIA Cables systems. Nous faisions partie d’un groupe de plus de 90.000 salariés dans le monde. En France, nous étions seulement 125 à 130 salariés. Nous étions tout petit à côté du reste du groupe. Pour des raisons stratégiques et financières, Leoni a vendu une division de 3.000 personnes, dont nous faisions partie, à la société d’origine taïwanaise BizLink. La holding est implantée à Taipei, mais le siège social est en Californie, aux États-Unis. »
Dans tout cet univers complexe et interpénétré de l’industrie de pointe, une bande d’irréductibles Beaucerons s’affairent à sortir, au sein du Jardin d’entreprises de Chartres, le meilleur d’eux-mêmes pour innover dans la robotique médicale, et en particulier celle qui traite et qui soigne le cancer.
Orion, le meilleur dans sa catégorie
« Au sein des 130 salariés de BizLink France, nous avons 30 personnes totalement passionnées qui ont décidé de concevoir et fabriquer le robot Orion pour les applications médicales. L’aventure, nous l’avons débutée en 2012. À l’origine, ce projet avait été enclenché avec l’Institut Curie, à Orsay, pour robotiser le positionnement d’un patient sous un faisceau de rayonnement pour le traitement contre le cancer », détaille le directeur général de BizLink Robotic Solutions.
Durant plusieurs années de travaux et d’essais, les BizLink ont lutté contre toutes les idées reçues. Ils ont réussi la conception et la fabrication d’Orion, alors qu’une équipe du CEA (Commissariat d’énergie atomique) était obligée de renoncer à faire aboutir ses recherches.
Une cellule de 30 personnes réalise des performances exceptionnelles
Le plus extraordinaire dans cette invention française, made in Chartres, se trouve dans l’attitude même des anciens patrons du groupe Leoni. Les Allemands avaient donné carte blanche à Claude Burlot et sa petite équipe, mais sans trop d’espoir d’aboutir.
« En 2012, nous avons réinitialisé le projet avec quatre jeunes ingénieurs et une ingénieure qualité, ici à Chartres. Le premier robot utilisable, nous l’avons réalisé dès 2015, que ce soit dans la partie hardware comme la partie software. Notre machine a dix ans et nous sommes en train de passer à un nouveau modèle, plus moderne, appelé Pulsar »
ajoute Claude Burlot
Le bébé Orion pèse une tonne. L’équipe chartraine veut réaliser, avec Pulsar, une version plus light pour les grands centres hospitaliers.
« Pulsar, lui aussi, est promis à un très bel avenir. Tout au long de ces dernières années, nous avons su atteindre les objectifs ambitieux que nous nous étions fixés, mais cette réussite, tant sur le plan économique, humain que technique, cache deux problèmes récurrents : la difficulté à trouver de jeunes ingénieurs motivés dans le bassin régional du Centre-Val de Loire et notre déficit de notoriété au niveau national qui nous limite à trouver des partenaires médicaux et paramédicaux pour le développement de Pulsar », assure le patron chartrain qui ne manque pas d’énergie mobilisatrice auprès de ses jeunes ingénieurs.
Source : L’Echo Républicain