La société de biotechnologie bordelaise Aelis Farma, présidée par le professeur Pier Vincenzo Piazza, annonce la signature d’un accord d’option de licence exclusive avec le groupe pharmaceutique britannique Indivior, moyennant 30 millions de dollars. Une fois l’efficacité de la molécule développée par Aelis Farma démontrée, Indivior pourra exercer son option de licence mondiale exclusive moyennant un versement de 100 millions de dollars à la jeune entreprise bordelaise.
Déjà habituée aux grosses levées de fonds, la startup bordelaise en biotechnologie Aelis Farma, spécialisée dans les maladies du cerveau, annonce ce 8 juin la mise en place d’une collaboration avec le groupe pharmaceutique britannique Indivior, à Londres. Début de collaboration qui va de pair avec la signature par Indivior d’un accord d’option de licence. Indivior va ainsi se voir accorder une option de licence mondiale exclusive sur cette molécule AEF0117 moyennant un paiement initial immédiat de 30 millions de dollars.
Au cours de la période d’option, Aelis Farma, coordonnée à Indivior via un comité de direction conjoint, conduira les développements cliniques et non cliniques de l’AEF0117 pour l’amener « aux portes des phases 3 ». A l’issue d’une démonstration de faisabilité (« proof of concept ») de phase 2b évaluant l’efficacité de la molécule dans le traitement des troubles liés à la consommation de cannabis, Indivior pourra exercer l’option de licence exclusive moyennant le paiement à Aelis Farma de 100 millions de dollars.
Première cause de psychose aiguë en Europe
Aelis Farma a été cofondée par le docteur Pier Vincenzo Piazza, qui préside l’entreprise. Ce professeur-chercheur, à la fois psychiatre et neurobiologiste, est associé aux recherches d’avant-garde sur l’addiction menées à l’université Victor Segalen (Bordeaux II), qui ont montré en 2007 que le sucre raffiné rendait les rats encore plus dépendants que la cocaïne. La molécule AEF0117 développée par Aelis Farma permet de lutter contre les maladies liées à la consommation de cannabis, dont la dépendance et la psychose.
« Nous sommes très enthousiastes à l’idée de cette collaboration stratégique avec Indivior, dont l’expertise reconnue en matière de traitements pour l’addiction et les maladies psychiatriques nous permettra d’accélérer le développement et la mise sur le marché de l’AEF0117, premier traitement pharmacologique des troubles liés à la consommation de cannabis. En Europe, la psychose induite par le cannabis est identifiée comme la première cause d’admission aux urgences pour psychose aiguë et, aux États-Unis, plus de 500.000 admissions aux urgences par an sont dues à la consommation de cannabis », déroule notamment le patron d’Aelis Farma.
Inhiber les troubles néfastes provoqués par le THC
Les chercheurs bordelais ont identifié un mécanisme naturel capable de protéger le cerveau des effets néfastes du cannabis chez l’animal. La clé de ce système de défense est une hormone dont la découverte a dévoilé l’existence d’une nouvelle classe pharmacologique, qui a permis, comme le souligne l’Inserm, de sélectionner un premier candidat médicament capable d’inhiber les comportements néfastes induits par le THC (tétrahydrocannabinol), substance active du cannabis, dont la concentration a été décuplée par de multiples croisements au cours de ces dernières décennies.
C’est sur la base de ces avancées scientifiques et de l’identification de cette hormone qu’a pu être créée la startup Aelis Farma. L’entreprise a développé un premier candidat médicament avec la molécule AEF0117 que l’accord avec Indivior va permettre de développer à vitesse accélérée.
« La collaboration avec Aelis Farma est une opportunité formidable pour Indivior. La nouvelle classe pharmacologique développée par cette société s’inscrit parfaitement dans la volonté d’Indivior de développer des traitements innovants pour les troubles liés à la consommation de drogues pour lesquels le besoin médical est croissant et insatisfait. Nous sommes impatients de collaborer avec l’équipe d’Aelis au développement de l’AEF0117 afin de mettre sur le marché le premier médicament pour le traitement des troubles liés à l’usage du cannabis », commente Mark Crossley, PDG d’Indivior.
D’autres sources de revenus en attente
Et comme le souligne la direction de l’entreprise bordelaise, ce n’est pas fini.
« Aelis est également éligible à des paiements supplémentaires liés au passage de certaines étapes ultérieures de développements clinique, réglementaire et commercial, ainsi que des redevances sur les ventes nettes globales qui s’échelonneront entre 12 % et 20 % en fonction du chiffre d’affaires. L’étude de Phase 2b qui sera menée pendant la période de l’option est une étude multicentrique coordonnée par le professeur Frances Levin de l’Université Columbia de New York, aux Etats-Unis ».
« Je salue la collaboration stratégique entre Aelis Farma et le groupe pharmaceutique mondial Indivior« , a réagi Alain Rousset, le président sortant du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et candidat à un nouveau mandat. Il rappelle qu’Aelis Farma est l’une des premières entreprises néo-aquitaines dans laquelle la Région a investi au capital.
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