Après les équipements antibactériens inspirés de la peau des requins ou encore les aiguilles chirurgicales imitant la trompe des moustiques, la nature est une nouvelle fois à l’origine d’une avancée médicale majeure.
Deux docteurs de l’Université de Caen (Calvados) viennent de publier les travaux de leur thèse, qui présente une avancée révolutionnaire dans le diagnostic des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Inspirés par la structure adhésive des moules qui sert aux mollusques à se fixer sur les rochers, ils ont développé un « agent de contraste » capable de détecter les minuscules caillots sanguins via IRM. Une première.
Détecter des microcaillots de sang
C’est en tout cas ce que révèlent les travaux de thèse du Dr Charlène Jacqmarcq, sous la direction du Dr Thomas Bonnard, chargé de recherche au laboratoire PhIND de l’Université de Caen, hébergé au sein de la plateforme d’imagerie biomédicale Cycéron.
Grâce à la polydopamine produite par les moules et des microparticules d’oxyde de fer, les deux chercheurs ont mis au point un « agent de contraste » nommé PHysIOMIC capable de se fixer sur les micros caillots sanguins qui peuvent obstruer les vaisseaux du cerveau et aggraver les séquelles des AVC ischémiques.
Aussi appelés microthrombis ces minuscules caillots de sang sont aujourd’hui très difficiles à identifier car non-visibles en imagerie, même avec les IRM de dernière génération.
« L’enjeu était de trouver un agent biodégradable pour l’organisme, qui puisse être composé de microparticules magnétiques pour être détectables par l’imagerie médicale et qu’elles se fixent aux caillots » détaille le Dr Thomas Bonnard, qui a longtemps travaillé et étudié les nanoparticules protéiques biodégradables dans le cas des thromboses (formations d’un caillot sanguin dans une veine ou artère) à Melbourne (Australie).
Des tests réalisés sur des tubes de sang humain et des souris ont révélé l’efficacité de « l’agent de contraste qui se fixe efficacement sur les microthrombis.
Les examens réalisés sur des souris ont montré que les micros caillots de sang étaient détectés avec grande précision par l’IRM. C’est la première fois que l’on arrive à révéler des caillots aussi petits » se félicite le doctorant en ingénierie médicale.
Des traitements mieux adaptés et plus précis
Cette détection des microthrombis permet d’améliorer le diagnostic des AVC ischémiques et notamment le traitement à donner aux victimes.
« Après un AVC, si des caillots sont détectés, les médecins donnent parfois aux patients de l’Actilyse, un médicament qui dissout les caillots. Mais il n’est pas toujours prescrit car il peut provoquer des saignements si aucun caillot n’est présent dans les vaisseaux sanguins. Grâce à PHysIOMIC, le diagnostic sera plus précis et aidera les médecins dans le choix du traitement adéquat » assure le Dr Thomas Bonnard.
À terme, les travaux des Dr Charlène Jacqmard et Thomas Bonnard ambitionnent de développer l’agent de contraste PHysIOMIC en lui ajoutant des agents thrombolytiques ciblés, qui agiraient comme un médicament.
« On obtiendrait alors des molécules qui cibleraient directement les microthrombis, avec un résultat beaucoup plus efficace. Cela permettrait de réduire les doses médicamenteuses »
Thomas Bonnard, Docteur, chargé de recherche au laboratoire PhIND de l’Université de Caen
Les deux docteurs liés à l’université de Caen poursuivent leurs travaux, financés par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et soutenu par la société pharmaceutique CSL-Behring. Les premiers essais cliniques pourraient intervenir d’ici 5 ans.
Cette nouvelle avancée dans le diagnostic des AVC pourrait révolutionner le traitement des AVC ischémiques qui touchent 110 000 personnes en France chaque année.
Et ainsi réduire drastiquement l’impact néfaste des microcaillots sanguins, principaux responsables des séquelles des patients souffrant d’un handicap important après un accident cardio vasculaire (deuxième cause de handicap acquis en France).
Source : France Info