La crise du Covid-19 a permis de démontrer l’efficacité des vaccins à ARN messager (ARNm) et a ouvert la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques contre diverses maladies infectieuses, mais aussi certains cancers ou maladies génétiques… Des traitements sur lesquels la start-up Translate Bio s’est spécialisé. Sanofi mise sur elle pour progresser dans le domaine.
Sanofi va-t-il réussir à rattraper son retard dans la course aux technologies ARNm ? Le rachat de Translate Bio pour 3,2 milliards de dollars par le groupe français pourrait l’y aider. Translate Bio travaille, depuis sa création en 2016, au développement des technologies à ARN messager (ARNm). Leur principe est simple : introduire une partie de matériel génétique dans nos cellules, pour que celles-ci produisent des protéines permettant de lutter contre des pathologies ciblées.
L’entreprise américaine, basée à Lexington (Massachusetts), qui emploie aujourd’hui une centaine de personnes, s’est d’abord tournée vers des maladies pulmonaires et hépatiques. C’est d’ailleurs son projet de thérapie directe par inhalation contre la mucoviscidose, maladie génétique qui touche principalement l’appareil respiratoire, qui est le plus avancé. Ce traitement fait l’objet d’un essai de phase I/II actuellement.
Partenaires depuis 2018
Mais cette plateforme technologique peut aussi être utilisée pour créer des vaccins notamment contre le Covid-19 et d’autres maladies infectieuses. Pour cette raison, dès 2018, année de l’entrée en bourse de Translate Bio, Sanofi Pasteur s’était tourné vers l’entreprise. L’objectif de ce partenariat : développer des vaccins à ARNm sur cinq agents pathogènes.
L’entreprise américaine avait reçu 45 millions de dollars au début de cette collaboration et pouvait espérer toucher jusqu’à 805 millions de dollars en fonction de ses avancées. Un contrat étendu deux ans plus tard, à la faveur de la crise sanitaire. Sanofi annonçait alors l’engagement potentiel de 1,9 milliard de dollars vers son partenaire américain pour le développement d’un vaccin anti-Covid-19. Dans le cadre de cette collaboration, deux essais cliniques, de phase I/II contre le Covid-19 et de phase I contre la grippe saisonnière, de vaccins à ARNm sont en cours.
Le pari de l’ARNm
Si cet achat confirme l’ambition de Sanofi pour se placer en tant que leader sur les technologies ARNm, Translate Bio n’est que le dernier ajout à l’arsenal ARNm du géant français de la pharmaceutique. Cette acquisition s’insère dans une stratégie plus large pour le groupe. Le mardi 29 juin 2021, le laboratoire annonçait le financement d’un centre spécialisé dans la création de vaccin à ARNm sur ses sites de Cambridge (Massachusetts, États-Unis) et de Marcy-Étoile, près de Lyon (Rhône). Un investissement annuel de 400 millions d’euros, dès 2021, pour environ 400 experts mobilisés.
Une annonce qui fait suite aux trois projets de production de vaccins lancés par Sanofi depuis juin 2020, avec l’annonce d’une usine multivaccins à Neuville-sur-Saône (Rhône) pour 490 millions d’euros. Ont suivi une unité de production de vaccin antigrippal à Toronto en mars 2021 (600 millions d’euros) et une usine modulable à Singapour, en avril dernier, pouvant produire trois à quatre vaccins simultanément (400 millions d’euros).
Et c’est sans compter l’achat de Tidal therapeutics, en avril dernier, pour 160 millions de dollars, auxquels pourront s’ajouter 310 millions supplémentaires en fonction des phases de développement. Cette entreprise américaine spécialisée dans la recherche sur l’ARNm avait déjà permis à Sanofi d’étoffer ses connaissances sur cette technologie, notamment dans des traitements oncologiques sur lesquels la biotech planchait. À force de rachats, d’acquisitions et de constructions, le géant français se positionne peu à peu sur les technologies à ARNm. Et peut-être saura-t-il tirer son épingle du jeu pour revenir dans cette compétition ?
Source : l’Usine Nouvelle