Le fabricant de dispositifs médicaux (DM) Medtronic France a intronisé en janvier dernier la première promotion de son accélérateur de start-up avec sept jeunes pousses auxquelles l’industriel veut apporter « un accompagnement opérationnel sur le plan économique, commercial et dans l’amélioration continue de leurs solutions », a expliqué à TICpharma Antoine Groheux, responsable innovation de l’entreprise.
« Medtronic a élaboré un plan stratégique baptisé ‘Notre vision 2022’ pour être une entreprise engagée qui a vocation à contribuer aux évolutions de notre système de santé et pour cela, nous avons besoin de nouer des partenariats académiques, industriels, mais aussi avec des professionnels de santé et des start-up », a-t-il observé.
« Nous voyons de plus en plus de start-up intervenir dans la transformation du système de santé, notamment auprès des établissements de santé, donc nous avons souhaité nous concentrer sur elles et créer une plateforme d’open innovation pour collaborer, tester leurs solutions et en évaluer les impacts avant de décider si nous les incluons ou non dans notre offre de services. »
Medtronic a lancé en janvier dernier « une plateforme virtuelle d’accélération » et a sélectionné sept jeunes pousses pour les accompagner dans leurs phases de développement et les aider à concevoir un modèle économique fiable et viable.
« Aujourd’hui, les start-up attendent de la part d’un industriel qu’il soit en mesure de leur fournir un accompagnement opérationnel sur le plan économique, commercial et dans l’amélioration continue de leurs solutions », a souligné le responsable innovation.
Les sept premières entreprises sélectionnées « développent des solutions en rapport avec nos aires thérapeutiques traditionnelles: neurosciences, diabète, chirurgie mini-invasive et cardiovasculaire », a-t-il détaillé.
Il s’agit de:
- Maela, start-up lyonnaise qui développe une solution de suivi médical connectée destinée aux établissements de santé et à leurs équipes médicales. Elle permet également au patient de préparer son séjour hospitalier et de sécuriser son retour à domicile.
- H4P, jeune pousse bordelaise qui propose des outils connectés de gestion personnalisée des parcours patients et d’éducation en santé pour la prévention, l’accompagnement pré et post-hospitalisation et le suivi des maladies chroniques.
- SimForHealth, entreprise bordelaise qui édite des outils numériques de formation dans le domaine de la santé, faisant notamment appel à la réalité virtuelle.
- Invivox, start-up bordelaise qui développe une plateforme de « compagnonnage 2.0 » permettant aux chirurgiens du monde entier de proposer ou de s’inscrire à des séances de formation in situ en bloc opératoire afin de parfaire leur pratique et se former aux nouveaux procédés chirurgicaux.
- Deepsen, située à Lyon, qui propose une solution thérapeutique utilisant la réalité virtuelle pour évaluer et soulager la douleur et l’anxiété, en s’inspirant de l’hypnose médicale.
- WeCare@Work, de Paris, qui développe des solutions digitales pour mieux concilier maladie chronique et vie professionnelle.
- Ama XpertEye, start-up rennaise qui développe une solution de téléassistance permettant de réaliser des supports techniques et cliniques à distance.
« Nous connaissons déjà ces start-up. Nous avons déjà collaboré avec certaines d’entre elles ou noué des contacts. Elles connaissent toutes un stade de développement déjà bien avancé avec des solutions commercialisées ou en cours de commercialisation. C’était important pour nous de travailler avec des entreprises déjà matures », a expliqué Antoine Groheux.
Des « transformers » pour accompagner les start-up
Sur le terrain, quinze employés de Medtronic France mouillent la chemise pour mener à bien ce projet d’accélération de start-up.
Concrètement, ces salariés qu’Antoine Groheux a baptisé « les transformers » ont été sélectionnés en interne pour « passer du temps avec la start-up et les accompagner dans leurs développements ».
« L’idée est de faire en sorte que leur expertise serve à ces start-up. L’avantage pour Medtronic est de s’immerger dans environnement agile qui fait naître de nouvelles idées et nous fait revoir notre façon de travailler. Pour ces sociétés, l’avantage est d’avoir un modèle économique intéressant et de tester leurs innovations », a analysé le responsable de l’innovation du fabricant de DM.
« Chaque transformer est également formé avec le centre de formation Cameo et l’école Numa », a-t-il ajouté. « Cette formation se déroule en parallèle du programme d’accélération. L’idée est leur donner les clés pour bien accompagner les start-up et favoriser le partage d’expériences et de bonnes pratiques. »
Et même si « l’aventure ne fait que commencer », Medtronic a déjà réfléchi à la suite. Durant la phase d’accélération d’un an, il offrira aux start-up un « accès » aux congrès médicaux qu’il couvre « pour leur faire gagner en visibilité auprès des acteurs de santé ».
A la fin du programme, l’industriel espère « nouer des contrats de collaboration et envisager des passerelles » avec les jeunes pousses.
« Nous avons une zone d’intérêts commune. Au mois de septembre, nous allons organiser un ‘grand débat’ pour partager les premiers résultats des projets menés avec les sociétés et permettre des échanges croisés entre ces entrepreneurs et nos dirigeants », a indiqué Antoine Groheux.
Les établissements de santé dans lesquels l’industriel détache « douze personnes à plein temps » feront, eux, office de centres testeurs des preuves de concept (PoC) des start-up. « Nous souhaitons vraiment faire collaborer l’ensemble de notre écosystème », a insisté le responsable.
L’entreprise n’a pas souhaité communiquer les montants investis dans ce programme.
L’innovation comme « levier » économique
Avec son poste de « responsable innovation », seul poste en Europe du fabricant américain entièrement dédié à l’innovation, Antoine Groheux a la mission épineuse de « bâtir une relation de confiance avec l’écosystème de santé (monde académique, industriels, professionnels de santé) pour accompagner la transformation numérique du système de santé dans la pratique et l’organisationnel », a-t-il expliqué.
Le groupe américain réinvestit actuellement 8% de son chiffre d’affaires (30 milliards d’euros en avril 2019) dans l’innovation et la R&D. « Tous nos sites français font de la R&D », a souligné le responsable.
L’entreprise participe aussi à « plusieurs projets » d’EIT Health, l’institut européen d’innovation et de technologies en santé de l’Union européenne, avec des consortiums constitués à cet effet.
« L’enjeu est aussi de démontrer notre capacité à faire de l’innovation un levier pour le business de Medtronic. Si nous y parvenons en France, nous pouvons le reproduire en Europe. »
Source : Tic Pharma