Les ventes du fabricant sont tirées par la branche cosmétique.
Weleda compte sur le développement des remèdes issus des plantes.
En Allemagne, les adeptes de médecines et cosmétiques bio ont leur Mecque, située aux abords de Schwäbisch Gmünd, une bourgade du Bade-Wurtemberg. C’est là que Weleda cultive sur d’immenses terrains les herbes, plantes vivaces et arbustes qui entreront dans ses produits cosmétiques et remèdes médicinaux bio. En décembre, la nature se repose à Schwäbisch Gmünd, mais les ventes du groupe suisse ont, elles, fait le plein pour Noël, assure Ralph Heinisch, patron d’une société presque centenaire et pas comme les autres.
Tout débute il y a près d’un siècle, quand Ita Wegman, une physiothérapeute, fait la connaissance de Rudolf Steiner, un Allemand père de l’anthroposophie, un courant de pensée ésotérique, dont la médecine va rapidement s’inspirer. Ita Wegman, devenue médecin, ouvre une clinique qui a rapidement un besoin important en médicaments issus de la nature. Un laboratoire est fondé à Dornach, en Suisse, puis un second en Allemagne, à Stuttgart. Les deux entreprises fusionnent pour donner naissance en 1921 à la société International Laboratorium AG, ou Ilag, rebaptisée « Weleda » en 1928, d’après la déesse de la mythologie ayant soigné par les plantes .
Rapidement, le laboratoire pharmaceutique a décliné son savoir-faire dans des produits cosmétiques comme les huiles pour le corps ou crèmes pour le visage. Cette activité tire encore à ce jour les ventes globales, qui devraient friser cette année les 400 millions d’euros. La branche historique dans la médecine cherche, elle, son second souffle. Des pertes du fait d’un assortiment pas rentable tout comme des structures devenues complexes ont mené à une crise existentielle autour des années 2010.
Rééquilibrage
Appelé aux commandes depuis 2012, Ralph Heinisch, premier patron sans formation de médecin anthroposophe, mais avec une solide expérience de redresseur d’entreprise, applique, depuis, une stratégie sous l’oeil bienveillant des actionnaires de contrôle situés en Suisse, l’Association anthroposophique universelle et une clinique anthroposophique.
« Chez Weleda, le premier objectif n’est pas de dégager un rendement en capital », explique Ralph Heinisch. Weleda est de fait nettement moins rentable que des géants de la pharmacie. Ce qui importe est que la branche santé gagne à terme autant d’argent que les cosmétiques « afin de pouvoir remplir notre devoir sociétal. Nous sommes encore loin du but », concède-t-il. Les médecines naturelles sortant peu à peu de leur niche, « le potentiel de croissance pour nos médicaments est plus grand que celui des produits cosmétiques », ajoute le dirigeant. Il s’agit à terme de rééquilibrer les ventes du groupe, dont 70 % proviennent des produits cosmétiques. La France, qui a déjà atteint cet équilibre, sert de modèle. Un autre axe de développement passe par l’international. « La part de nos ventes en Europe ne doit pas dépasser les 50 % à l’avenir », contre les deux tiers à ce jour, affirme Ralph Heinisch.
Les Etats-Unis, le Brésil, la Russie font partie des pays à fort potentiel.